Photographe Argentan : Accouchement à La Maison

Tout a commencé par un message: A. me demandait des renseignements sur le reportage accouchement à la maison. On lui avait parlé de moi, elle avait mes photos de mon précédent reportage AAD. Elle était suivie par une SF que je connaissais. Je lui ai donc proposé de se téléphoner puis de se rencontrer pour voir ensemble si ça pouvait coller. C’est un moment si intime qu’il faut que le courant passe. 3 jours après notre rencontre, je reçois un message d’A. qui me dit qu’elle et son mari seront heureux de me compter dans l’aventure. Les jours passent: je me sens excitée, heureuse, effrayée, stressée. Plein de sentiments se mélangent. L’attente d’un tel évènement est à la fois mêlée de projections et aussi de peurs d’être déçue si ça n’arrive pas.

Je programme mon portable pour que les numéros d’A. et son mari passent la nuit. Arrive la première nuit (1 mois avant le terme) où je suis susceptible d’être appelée. Je dors mal, fais des cauchemars d’accouchement qui se passe mal, de transfert à la maternité. Je dormirai plus aussi profondément que d’habitude jusqu’à l’accouchement. On échange quelques messages avec Anaïs de temps en temps. Lundi 11 janvier, la journée a été un peu morose avec l’annonce de la mort de Bowie. Néanmoins j’apprends aussi une merveilleuse nouvelle (un petit bébé grandit bien au chaud dans le ventre d’une amie très chère ). Le soir devant une série avec mon chéri vers 21h, mon téléphone sonne et je sursaute: je regarde, c’est une amie. J’ai vraiment cru que c’était le jour J. 15 minutes plus tard, il re sonne: cette fois-ci c’est bien la bonne. Le sms dit que le début du travail a commencé, qu’ils m’appellent quand ça s’intensifie. L’excitation monte, je n’arrive plus à suivre la série, ma tête va dans tous les sens: je mets à charger ma batterie, vérifie mon appareil, prépare un sac avec des vêtements de rechange, de quoi grignoter et boire pendant le trajet. Et je vais me coucher, le sommeil ne vient pas. Je sens l’adrénaline monter: ça y est, on y est ! J’ai peur de louper le coup de fil, d’arriver trop tard encore une fois. J’arrive à dormir un peu me réveillant 2 fois puis à 1h du matin je suis parfaitement réveillée, je me dis que le coup de fil va pas tarder. 4h sont déjà passés. Vers 1h40 mon téléphone sonne. Je réponds et dis que je pars tout de suite. Je descends m’habiller, prend mes sacs et file dans ma voiture. Je suis fébrile, encore cette peur d’arriver trop tard. Je touche du doigt mon rêve: prendre en photos un accouchement en entier. Il pleut fort par moments sur la route, je roule pas vite. Enfin 1h30 plus tard, il est 3h10, je me gare devant chez eux et appelle C. Il vient m’ouvrir. Je monte et me voilà passée hors du temps. Anaïs est assise, S. écoute le cœur du bébé. Je prépare un thé. On papote un peu. Je sors mon appareil photo et commence à prendre des photos pendant et entre les contractions. Le temps défile, je me repose un peu sur le canapé. J’observe A. qui se laisse complètement aller pendant les contractions, laissant s’ouvrir son col. Entre deux, elle boit, discute. Elle est calme, apaisée.

L’ambiance de nuit est apaisante, tranquille. A. continue de se balancer et de laisser son corps faire le travail. A un moment, S. dit “ça se précise ” et rejoint A. dans sa chambre, on a allumé des bougies pour une ambiance tamisée. Je m’assois dans un coin et observe, de temps en temps je clic. Je me sens tremblante, ayé je vais vraiment une naissance devant mes yeux, mon objectif. Je suis nerveuse aussi, je vois qu’ A. n’arrive pas à lâcher prise. Je me demande si je la gêne. Je n’ose pas faire beaucoup de photos, de peur de la déranger et parce que la tension est palpable. Elle semble proche du but tout en n’y arrivant pas. Elle s’accroche à l’armoire pendant les contractions. Quelque chose la gêne/ Au bout de plus d’1 heure, S. lui propose de regarder si elle peut l’aider: elle pense que le bourrelet de col est toujours là. La position allongée décuple les douleurs, elle a du mal à gérer, son mari lui donne la main. S. l’encourage à pousser pendant les contractions.

Voyant que bébé n’arrive pas à s’engager à cause du bourrelet de col, S. propose d’aller à la maternité pour aider A. Son fils aîné l’appelle de sa chambre ce qui la perturbe encore plus. Elle se remet à 4 pattes, la douleur la submerge, elle perd pied, veut dormir. Je me sens impuissante, j’essaye de l’encourager, de lui dire qu’elle est capable de le faire. Après avoir prévenue de leur arrivée, S. descend ses affaires. A. est dans la salle de bains, je l’entend avoir une grosse contraction. Je me prépare un thé pour petit déjeuner avant de rentrer chez moi. Et là je l’entends dire “je sens la tête”. S. est à sa voiture. Je lui demande si elle peut bouger pour aller dans la chambre, la réponse est non. Je vire le tapis de la salle de bains et vais chercher des alèses jetables.Quel revirement de situation ! Moi qui était si déçue pour A, la voilà dans la salle de bains et son bébé qui arrive. S. arrive et me confirme d’un geste de la main que le bébé est bien là qui arrive. J’essaye de prendre des photos, je suis mal placée. Je regarde la tête de ce bébé apparaître, c’est magique. Il sort, sa maman l’attrape. Il est magnifique.

S. me laisse la place et très vite, je les enjambe pour monter dans la baignoire pour avoir un meilleur angle. L’émotion est intense. C’est tellement beau de les voir ensemble ! Le cordon est coupé et le papa prend son bébé. Je vais chercher un bonnet dans le sac de naissance pour couvrir sa tête. Puis s’installe dans le lit pour le prendre en peau à peau pour qu’il est bien chaud.

Arrivent les soins au bébé pour le peser et vérifier les réflexes, il se met à têter ensuite. La sage-femme s’occupe des papiers, on prend un café. Et je me décide à rentrer chez moi en étant sur un nuage.

Ça vous donne envie ?

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